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L'Estonie
 
-- 14 au 23 juin 2018  --
 
Coup de cœur pour l’Estonie et son magnifique archipel de petites îles plates, sa capitale médiévale aux rues très propres, ses habitants accueillants... et ses moustiques assoiffés de sang !!

Plus de photos entre nature et culture dans notre page  "Photos".


209 milles navigués
1292 milles navigués depuis le départ


Nos escales, cliquez sur les noms pour plus de détails :
Kihnu (marina) - Kuivastu (mouillage) - Sviby (port) - Tallinn (marina)
 
14-15 juin : Riga – Kihnu (74 M)
Le début du voyage- et nous nous y attendions – a été plutôt urbain et culturel, mais nous commençons à étouffer tous les 3 (Saltimbanque aussi !!) et avons besoin d’un peu de calme. Ça tombe bien la météo nous prévoit du vent faible pour les 5 prochains jours ! On se prépare donc à rejoindre lentement l’archipel occidental de l’Estonie.
Départ sous un chaud soleil et un calme plat. Junior nous fait avancer gentiment pendant que nous cousons des pavillons de courtoisie à la chaine.

Laure, surprise en plein atelier couture


Le quart de "nuit" s'annonce tranquille
En début de soirée une toute légère brise se lève d’est, au bon plein, nous permettant d’avancer à la voile à environ 3 nœuds sur une mer parfaitement lisse. 
Le soleil se couche pour les 3 prochaines heures, le bateau glisse sans un bruit, les nuages se reflètent dans l’eau… Il ne fait même pas froid, les quarts de nuit sont passés dans le cockpit avec de la musique ou des sagas Tolstoïennes à contempler le spectacle de la nature.
1h40, cap plein nord.

Puis le soleil se lève pendant 3 heures également où nous devons malheureusement faire route au moteur par faute de vent. Le ciel lui est toujours aussi beau.
Le miroir du matin

Bienvenue en Estonie !
Le soleil est déjà haut dans le ciel à 5h lorsque le vent attendu d’ouest se lève enfin, suffisamment pour nous permettre d’avancer sous spi asymétrique. Nous sommes à présent en Estonie et l’île de Kihnu grossit sur l’horizon.
Arrivée dans le petit port de Kihnu, accessible de jour comme de nuit, récemment équipé de catways flambant neufs. Il y a de la place : un bateau allemand et un autre finlandais partent rapidement, nous laissant le seul voilier du port pour le reste de notre séjour. 20€ la nuit pour tout bateau de moins de 13m.

L’Estonie a misé sur les nouvelles technologies pour son développement économique. On peut donc choisir entre 2 apps pour payer le port. Nous sommes un peu old school et allons voir en personne la capitaine de port, qui nous enregistre sur son ipad, n’ayant pas un seul crayon sur son bureau ! Nous recevons le reçu par email. Autre détail, les Estoniens semblent très à cheval sur la propreté. Une fois notre enregistrement terminé, la capitaine de port retourne à son activité du matin : épousseter tous les pontons et alentours du port ! En bonnes fans d’Asterix, nous les surnommons les Helvètes du Nord !

Atelier sèche-linge au petit port de Kihnu

Dans chaque jardin, un sauna sous-terrain!
Une grosse lessive plus tard, en route pour explorer l’île ! Elle est connue pour avoir conservé un mode de vie traditionnel, d’ailleurs classé au patrimoine immatériel de l’Unesco. La plupart des femmes portent une robe en laine rouge décorées de fines bandes verticales jaunes et oranges. En tout cas la plupart des moins de 10 femmes que nous croiserons dans la journée. C’est calme ici :oD

Nous visitons la ville et son petit musée, puis partons sur les chemins de sable vers les forêts et les rivages. Les forêts tout d’abord, de pins pour la plupart, se révèlent vite être l’habitat de quelques millions de moustiques et autres adorables taons. Dès que la forêt devient dense, ils fondent sur nous de manière impressionnante et nous n’avons d’autre choix que de courir le plus vite possible vers la clairière la plus proche.

Direction les rivages donc, espérant trouver un peu de répit au bord de l’eau. Nous tombons sur un petit « port de pêche » dans les roseaux, au chenal balisé par 2 piquets de bois. Pittoresque…


Kihnu, port de pêche

L'île de Kihnu s'émiette en son Nord
Le rivage se poursuit par une longue plage très plate peuplée d’oiseaux : cygnes et cormorans pour les plus fréquents, mais aussi huitrier-pies, grèbes huppées, sternes et quand même quelques goélands (ils nous manqueraient presque !) A terre, et ce depuis Rügen en Allemagne, nous voyons des hirondelles par dizaines, c’est vraiment le moineau local en été !
Nous tentons de rentrer au bateau par le bord de mer, qui devient vite plus marécageux avec quelques roseaux quand : « Camille, cours!! Ils sont sur toi !!! » crie Laure qui a déjà piqué un sprint vers la route la plus proche, poursuivie par un essaim de moustiques. Finalement rentrer par la ville c’est joli aussi…


16 juin : Kihnu – Kuivastu (38 M)
Il y a peu d’eau dans tout l’archipel Estonien. Heureusement les passes sont très bien balisées, et nous zigzaguons entre bouées vertes, bouées rouges et bancs de sable pour sortir de Kihnu, encore une fois au moteur sur un lac sans une ride.
Zut on a réveillé les cormorans...

Une des marques d'eaux saines marquant le chenal
Nous sommes à peine sorties du passage le plus étroit et le moins profond lorsque la brume tombe, nous laissant avec une visibilité de moins de 50m. Cette partie du chenal longue de 7M est balisée de marques d’eaux saines tous les milles environ. Les yeux rivés sur le compas nous gardons scrupuleusement le cap et réussirons à tomber systématiquement sur les bouées les unes après les autres !
La brume se lève dans l’après-midi et nous rejoignons la petite île de Muhu. Juste au nord du port de Kuivastu nous trouvons des fonds de sable assez profonds pour Saltimbanque. Alors non le mouillage n’est pas franchement abrité, mais les vents sont faibles et nous en avons un peu marre des ports. Alors plouf la pioche tombe dans l’eau, et plouf Laure saute dedans 5 minutes plus tard. Ça c’est une vie de Saltimbanques !

Notre présence hors du port étonne, un bateau des garde-côtes viendra nous voir à 1h30 du matin s’assurer que nous ne sommes pas en détresse…

Première photo aquatique du voyage !

17 juin : Kuivastu – Sviby (27 M)

Sous spi !

Aujourd’hui nous ne naviguons plus en mer Baltique, mais dans la mer de Väinameri ! (on vous avoue qu’on ne la connaissait pas non plus celle-là !) Pour fêter ça, on se fait une grande journée de spi ! D’abord un grand bord de spi symétrique comme une bonne brise de sud se lève, tout ça en restant bien sur l’alignement dans 6m d’eau max. Puis un bord d’asy comme on lofe vers le chenal balisé suivant. L’archipel est magnifique, mais les cartes de détail sont absolument obligatoires pour naviguer dans ces eaux (on vend les nôtres à notre retour d’ailleurs, avis aux amateurs elles sont introuvables sinon :o)
Nous arrivons à la hauteur de Rohuküla. De là partent les ferrys rapides vers l’île de Hiiumaa à l’ouest. Enfin en été. Saltimbanque est en train de traverser ce qui en hiver est la plus longue route sur glace en Europe (24 km) !
Personne à gauche, personne à droite, on traverse !

Sviby
Nous arrivons au sud de Vormsi et son petit port de poche, Sviby, que nous avons choisi pour la nuit. Dans ce pays 2.0, chaque port a son site internet, traduit en anglais, avec toutes les informations utiles et souvent une bathymétrie et les cartes détaillées d’approche. N’hésitez pas à visiter notre page Liens.

C’est donc confiantes sur la profondeur du port que nous entrons dans Sviby. Minuscule en effet, mais bien assez grand pour un petit Saltimbanque ! Arrière sur bouée et nez au quai, nous avions 2,1m d’eau. Le capitaine du port, présent sur le port à chaque rotation du ferry, nous fera le prix « moins de 8m » à 10€, merci à lui :o)
En route pour la découverte de l’île ! Fortes de l’expérience de Kihnu, nous sommes cette fois couvertes d’anti-moustiques « spécial tropiques ». Mais rien n’y fait, au bout de 50m dans la forêt nous ne tenons plus, les escadrons de taons fondent sur nous comme si de rien n’était. Même de retour sur la route nous devons constamment les repousser à grand coup d’insecticide. S’arrêter de bouger pour prendre une photo  est un acte héroïque. C’est vraiment frustrant car on a l’impression de ne pas pouvoir profiter pleinement de ces jolies îles… Il va falloir passer à des solutions plus radicales !

On se rabat vers les quelques maisons qui constituent le bourg. Vormsi est une île peuplée par la minorité suédoise de l’Estonie. Et en effet de nombreux détails architecturaux et linguistiques nous rappellent la Suède. Lors des occupations Soviétiques, puis Nazis, puis re-Soviétiques des années 40, ils ont émigrés en masse vers la Suède où leur patois archaïque a quelque peu surpris ! Il ne reste plus grand monde à Sviby. C’est caaaaalme !!!!

L'arrêt de bus tout confort de Sviby

Hirondelles à Sviby
Retour au bateau, le port est charmant à souhait. Nous tentons de pêcher depuis le quai cette fois, mais toujours sans succès…

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18 juin : Sviby – Tallinn (70 M)
C’est la fin de l’épisode de pétole, un gros coup de vent est prévu pour le surlendemain, il est temps d’aller se mettre à l’abri dans la capitale. Départ à 6h du matin pour une grande navigation au portant.

Mais avant il faut déjà sortir du dédale du « Moon Sound », ou détroit de la lune. Toujours remarquablement balisé mais toujours peu profond : il est courant d’avoir 3m d’eau.

Une fois en eaux profondes, on tourne à droite, cap plein Est, plein vent arrière. Voiles en ciseaux, avec une retenue de bôme et navigant fausse panne sur le génois tangonné, nous passons dans la houle d’ouest qui arrive déjà. Il faut toutefois barrer en permanence et nous serons toutes les deux un peu fatiguées au bout de 15 heures à ce régime.
Les plages aux petits rochers des îles font place à de véritables falaises : on semble enfin atteindre le bout de la plage de sable qui a commencé à l’ouest de la Pologne. On croise soudainement de nombreux voiliers, Finlandais pour la plupart, tous arborant un pavillon légèrement différent : il est courant en Finlande d’ajouter dans un coin du pavillon national un écusson à l’effigie de son yacht club.
Un petit air de cap Fréhel

Arrivée sur Tallinn
Finalement nous arrivons à Tallinn en début de soirée. Il y a plusieurs ports de plaisance à Tallinn : Pirita sur le site olympique des jeux de Moscou de 1980, loin à l’est de la ville, un port en plein centre apparemment à 40€ la nuit, et deux ports à l’ouest de la ville dont celui de Lennu Sadam dans l’anse du musée maritime, que nous avons choisi. « Seulement » 20€ la nuit, incluant sanitaires, électricité, personnel super sympa, juste à côté du superbe musée maritime, et centre-ville accessible à pied, nous sommes très contentes de notre choix.

19 – 23 juin : Tallinn (à terre)
Le coup de vent prévu est bien là : ça souffle fort, et il pleut !! A notre surprise le port n’est pas franchement protégé d’ouest et les bateaux bougent beaucoup. On en profite pour une journée tranquille à bord du bateau, avec chauffage (électrique) pour la première fois du voyage… Quand on pense qu’on avait 31 degrés  dans le bateau à Sviby !
Pas exactement abrité d'ouest ce port...

Ambiance d'un quartier "en court de gentrification"
Le soir amène des éclaircies et nous allons faire un tour dans les rues les plus proches. Notamment le quartier hipster de Telliskivi. L’Estonie étant une terre de start-ups numériques, elle a vu tout naturellement se développer une population de jeunes branchés connectés qui investissent et réaménagent les anciens quartiers industriels. On déguste une bière de micro-brasserie locale dans une ancienne cour d’usine aux murs couverts de fresques tagguées. 
Le lendemain le soleil brille, en route pour la visite du centre historique. Oh, nous avions bien remarqué les 3 immenses paquebots de croisière en sortant du bateau ce matin, mais nous n’avions pas réalisé que des centaines de groupes de touristes allaient en sortir pour eux aussi prendre leurs plus beaux clichés de Tallinn. Avec philosophie, nous considérons cet exercice de navigation dans la foule comme un entraînement à Saint-Petersbourg.

Malgré tout nous profitons du vieux centre médiéval très bien préservé et agréable sous le soleil. Les fortifications en particulier sont uniques. La ville était au 13e siècle divisée en deux parties: la ville haute fortifiée, la résidence des élites nobles et des « barons baltes » de souche germanique, et la ville basse, elle aussi fortifiée, où vivaient les riches marchands. Seules deux petites portes permettaient de passer d’une ville à l’autre. La visite de l’ancienne mairie - datant de 1404 quand même - nous renseigne sur la vie de cette cité de la ligue Hanséatique (oui, une de plus).

Ville haute (à droite) et ville basse vues depuis le clocher de l'église St-Olav

Les impressionnantes chaudières du brise-glace à vapeur "Suur Toll"
Pas de fenêtre météo extraordinaire pour poursuive notre route, alors nous nous attardons un peu à Tallinn, ville que nous aimons toutes les deux. Visite du musée de la ville et du magnifique musée maritime de Lennu Sadam, immense hangar de béton étonnant par son impression d’espace et de légèreté (en plus c’est pratique, c’est au pied du bateau). Très bon dîner en ville pour fêter ça, mais le retour se fait dans un grain orageux d’une intensité rare… Il pleut à torrent pendant près d’une heure, nous avons de l’eau jusqu’aux chevilles sur les trottoirs, les enfants jouent à nager dans les rues… La météo en Baltique nous surprendra toujours…
Vendredi, deuxième coup de vent force 9 en trois jours, mais cette fois le vent est plus sud que ouest et nous serons beaucoup moins secouées au ponton. On se réfugie au musée d’art et finissons de préparer la navigation pour la prochaine étape : cap à l’est vers le fin fond du Golfe de Finlande !


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Vos messages:

la mamou - 04/07/2018 22:57:19
hâte de pouvoir regarder l'album photo avec ce fabuleux "couchlever" de soleil !!!

Mum - 04/07/2018 15:31:48
Extraordinaires alternances de chaud et froid,de pétole et de coups de vent,. Photos d'une beauté fascinante !!ekqc3

SuDad - 04/07/2018 11:25:57
Ouaahh, quelle ballade. On s'en taperait presque sur la nuque par réflexe pour écraser un gros moustique. Vos lecteurs vont devenir paranos aussi avec ces descriptions d'un monde tellement naturel que les insectes dominent encore. Nous suivons votre récit pas à pas, en faisant de salutaires progrès en géographie. A peine si Tallinn évoquait vaguement quelque chose. Alors qu'on y est beaucoup plus 2.0 qu'ici. Les photos sont splendides (fruit d'une sélection, bien sûr, mais rien ne vous échappe). L'envol des cormorans, par exemple, ça me rend vert d'envie. Depuis le temps que j'essaie d'obtenir un cliché comme celui-là. Et l'univers métallique du brise-glace ! Tout semble se réaliser pour vous avec aisance...
Eh oui, si nous sommes si fiers de nos filles, nous avons de bonnes raisons.


la mamou - 30/06/2018 15:28:41
extraordinaire "nuit" et miroir d'eau !!! que de rêves encore .....

 
 
 
 
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